Afrique - Août 2025
11 / 08 / 2025 - 1
Chers amis,
Aujourd'hui était encore une belle journée.
Tout a commencé par la messe dans la ville de Nnewi. En route, c'était magnifique de voir les gens aller à la messe du dimanche. Évidemment, c'est malheureusement la messe Novus Ordo, mais ce qui était magnifique, c'était de voir des gens tous habillés pour la messe du dimanche, vêtus de leurs tenues africaines : de belles robes pour les femmes et des costumes multicolores pour les hommes. Les gens marchaient dans les rues en direction d'une église, ou étaient sur leurs scooters, en tenue du dimanche. Les églises étaient bondées. Une journée de fête partout.
Il est plus difficile pour les gens d'ici de constater les dégâts du Novus Ordo, car la foi est encore présente chez beaucoup. L'abbé me dit que les choses changent. Il montrait du doigt des magasins ouverts et disait que cela n'aurait jamais existé il y a dix ans. Il a également ajouté qu'une tendance se dessinait chez les jeunes hommes qui se regroupent pour ne pas aller à la messe le dimanche. En attendant, ce spectacle était magnifique à voir. Le plus surprenant, c'est que les gens marchaient vers l'église dans des rues très boueuses (c'est la saison des pluies), avec des voitures éclaboussant la boue partout, tout en portant des vêtements parfaitement propres. Ils ont développé des compétences pour rester propres dans des rues aussi sales.
Conduire au Nigéria est une expérience assez particulière. Je ne suis pas très nerveux de nature. Mais je suis sûr que beaucoup de Canadiens seraient morts de peur s'ils devaient s'asseoir à côté de l'abbé Mbadugha au volant. L'abbé conduit très bien, mais voilà le problème : il y a des trous géants partout dans les rues, surtout à la campagne. Il est presque impossible de décrire le chaos qui règne. Mais pour vous donner une idée, il n'est pas rare de voir des voitures arriver en sens inverse sur l'autoroute. Personne ne semble surpris. Tous parviennent à s'écarter de ces voitures, même si cela nécessite parfois de former une troisième voie. De temps en temps, on se retrouve derrière un camion dégageant une énorme fumée bleue. Ou on en voit un arrêté au milieu de l'autoroute. Un homme est en train de réparer quelque chose et ses pieds dépassent de sous le camion. Un autre camion avance devant vous, transportant du gravier, et il se vide progressivement de sa charge. On se demande s'il restera quelque chose une fois arrivé à destination. Aujourd'hui, des camions roulaient très lentement sur l'autoroute. Des voitures les dépassaient des deux côtés en même temps, tandis qu'un autre camion arrivait à contre-sens sur l'autoroute. J'ai dit à l'abbé : beaucoup de Canadiens auraient eu une crise cardiaque à cette vue.
Partout, on voit des scooters et de minuscules taxis avec une seule roue à l'avant. Ces scooters sont parfois chargés de quatre personnes, les enfants se tenant debout sur le scooter entre leur père et le volant. Les taxis sont bondés, et des gens sont accrochés à l'extérieur, sur l'autoroute. Les gens klaxonnent sans arrêt. C'est leur façon de signaler leur présence lorsqu'ils veulent passer, et dans ce chaos général, il règne un certain ordre que je commence à percevoir. En une heure de route, je crois que l'abbé klaxonne au moins deux cents fois… Et puis il freine brusquement. Il y a un trou géant. Nous descendons très lentement, puis remontons. Il accélère et, au bout de quelques secondes, nous sommes de retour à 80 km/h. Il semble connaître tous les trous par cœur. Je n'ai pas encore vu un seul accident et nous avons pas mal roulé. Une situation à admirer, mais pas à imiter.
Régulièrement, nous voyons des hommes en uniforme militaire, fusils à la main. Ils arrêtent les véhicules et parlent aux chauffeurs. À notre arrivée, ils voient notre col romain et nous font signe de continuer, ou nous font le salut militaire. L’abbé dit qu'ils demandent des pourboires aux chauffeurs pour pouvoir prendre un petit coup, prétextant qu'ils protègent la population. Ils ont l'air plutôt bons par ailleurs. L'abbé dit qu'il n'y a pas beaucoup de criminalité dans cette région du Nigeria. Tout le monde semble chrétien, avec un chapelet sur le rétroviseur ou des devises peintes sur la voiture : Jésus sauve / Avec Dieu tout est possible, etc.
Nous avons eu les confirmations dans ce centre de messe de Nnewi. Il y avait probablement 80 personnes présentes et une cinquantaine d'entre elles ont été confirmées. Elles ont choisi de beaux noms : Immaculée, Béatitude, Urbain, pour n'en citer que quelques-uns dont je me souviens. Les fidèles ont ensuite servi le repas. Ils sont assez impressionnants, car ils n'utilisent que très peu les tables. Les femmes africaines ont une capacité incroyable à se pencher et à travailler par terre tout en se tenant droites sur leurs jambes. Pour essuyer le sol, elles utilisent une sorte de balai sans manche fait de foin. Elles se penchent et essuyent parfaitement le sol. Nos femmes occidentales, qui pratiquent le yoga tous les jours, devraient être honteuses de ne pas savoir s’étirer comme elles. Rien qu'à les regarder, j'ai mal aux jambes.
J'ai fait mes adieux à la communauté aujourd'hui. Cette fois, c'est moi qui ai dû retenir mes larmes. Les Nigérians sont des gens auxquels on s'attache très facilement. Ils sont simples, pauvres et très pieux. La sœur m'a dit qu'elle ne serait pas en paix tant que je ne serais pas de retour au Canada et qu'elle prierait quotidiennement pour un bon voyage.
Nous sommes chez les parents de l’abbé, à Enugu. Une belle maison construite par leur fils qui est aux États-Unis… Ce doit être une chose courante ici. Nous passons la nuit ici. L'endroit est très bien, mais toujours pas d'eau chaude. Je n'ai pas vu d'eau chaude depuis mon arrivée au Nigéria. C'est un peu mortifiant, surtout au moment de la toilette… Demain matin, nous prendrons l'avion pour Abuja. Nous passerons à nouveau la nuit dans une maison d'hôtes d'un ordre religieux Novus Ordo à Jos.
C'est tout pour aujourd'hui. Chaque jour est chargé d'aventures… La foi est vivante dans les congrégations de l'abbé. Mais quel monde différent !
Que Dieu vous bénisse!
Mgr Roy