Le Père de famille - 3

Enseignement du Révérend Père Jean-Dominique, O.P., sur le rôle du Père de Famille

Le deuxième rôle du père de famille est de participer à l’oeuvre de la Providence de Dieu par son travail et son autorité, dit le Père Jean-Dominique. Comment cela se réalise-t-il?

Le travail

Dans le plan de Dieu, le travail est un instrument privilégié de la paternité de l’homme. Dans le monde moderne, le travail devient au contraire trop souvent une force irrésistible qui jette l’homme en dehors de son foyer.

Les buts du travail

Quel est le premier but du travail? C’est évidemment l’oeuvre concrète qui doit être réalisée. L’ouvrier est un ministre de la Providence Divine afin de perfectionner la nature et de servir le bien des hommes. C’est pourquoi le père doit travailler avec zèle et attention. Il doit donner à ses enfants l’exemple de l’honnêteté, de la persévérance et de la discipline. Il ne devrait y avoir aucun travail bâclé, aucun désordre ou aucun travail à moitié accompli. «Tout ce qui mérite d’être fait, mérite d’être bien fait.»

Le deuxième but du travail est le salaire légitime que le père reçoit. Que le père de famille se souvienne qu’il mérite certainement le salaire de son travail. Mais qu’il ne devienne pas l’esclave de Mammon et qu’il ne parle pas sans cesse de question d’argent, en particulier devant ses enfants. Ces derniers doivent voir en lui le ministre de la Providence divine et le serviteur de ses frères. Comme Saint Joseph, un père devrait transmettre à ses enfants son propre amour de la pauvreté. Ceci est vrai en particulier de nos jours où bien peu nombreux sont ceux qui sont capables de se garder des dangers du matérialisme.

Le travail est pour la famille

Le premier bénéficiaire du travail du père est la famille, et non pas seulement sa subsistance matérielle, mais également l’âme de la famille, ses vertus et l’éducation des enfants. C’est un devoir pour le père de famille de faire tout ce qui est en son pouvoir pour avoir un travail qui subvienne aux besoins de sa maisonnée.

Il importe grandement que l’homme n’ait pas deux vies séparées qui ne sont réunies que par son portefeuille! Lorsqu’il est au travail, l’homme devrait penser qu’il est là pour sa famille. Il devrait aussi être capable de parler de ce qui se passe au travail à son épouse et d’intéresser ses enfants à ce qu’il fait.

La prière de Saint Pie X à Saint Joseph, modèle des travailleurs, n’est-elle pas une bonne façon de conclure ce chapitre?

«Glorieux Saint Joseph, modèle de tous ceux qui sont voués au travail, obtenez-moi la grâce de travailler en esprit de pénitence pour l’expiation de mes nombreux péchés; de travailler en conscience, mettant le culte du devoir au-dessus de mes inclinations; de travailler avec reconnaissance et joie, regardant comme un honneur d’employer et de développer par le travail les dons reçus de Dieu; de travailler avec ordre, paix, modération et patience, sans jamais reculer devant la lassitude et les difficultés; de travailler surtout avec pureté d’intention et avec détachement de moi-même ayant sans cesse devant les yeux la mort et le compte que je devrai rendre du temps perdu, des talents inutilisés, du bien omis et des vaines complaisances dans le succès, si funestes à l’œuvre de Dieu. Tout pour Jésus, tout pour Marie, tout à votre imitation, patriarche Saint Joseph ! Telle sera ma devise à la vie à la mort. Ainsi soit-il.»

 

L’autorité

Mais Dieu ne se contente pas de donner à chaque créature ce dont elle a besoin, il gouverne aussi toutes choses : il a l’autorité. « L’autorité est le pouvoir de lier la volonté de ses subordonnés, pour les faire servir avec stabilité le bien commun et ce faisant, leur faire atteindre leur plein épanouissement», dit le Père Jean-Dominique.

Dieu veut que l’homme soit le chef de la famille. Mais cette autorité ne sera pas la même sur son épouse et sur ses enfants.

Autorité sur les enfants

Une plante a besoin d’un tuteur. Un enfant a besoin d’une direction ferme, et, quelquefois, d’une correction énergique. Cela lui donnera une stabilité dans le bien et mettra de l’ordre dans les passions qui l’agitent. Que le père se souvienne qu’il n’est pas le propriétaire des âmes qui lui sont confiées, mais seulement le gérant. Qu’il remplisse donc son devoir de façon à plaire à son divin maître.

Autorité sur l’épouse

«Que les femmes soient soumises à leurs maris, comme au Seigneur : car le mari est le chef de la femme, comme le Christ est le chef de l’Église.» (Éphésiens, 5, 22-23) Pie XII donne de très beaux conseils aux maris : « Maris, vous avez été investis de l’autorité. Dans votre foyer, chacun de vous est le chef, avec toutes les obligations et les responsabilités que ce titre comporte. N’hésitez donc pas à exercer cette autorité; ne vous soustrayez pas à ces devoirs, ne fuyez pas ces responsabilités. Que l’indolence, la négligence, l’égoïsme et les passe-temps ne vous fassent pas abandonner le gouvernail du navire familial confié à vos mains.» Et, certainement, le mauvais exercice de l’autorité de bien des hommes à notre époque est souvent un plus grand mal que la désobéissance même de certaines femmes.

Une bonne épouse comprend très bien combien elle a besoin que son mari exerce son autorité sur sa famille. Nous avons tous les défauts de nos qualités. Dieu a donné à la femme des vertus spéciales qui la rendent apte au grand oeuvre de la maternité. « Ces vertus sont la délicatesse, la persévérance, l’endurance dans la douleur, le don de soi, une intuition particulière pour deviner la souffrance des plus faibles et une ardente compassion pour la soulager. Mais cette sensibilité très fine risque fort, si elle n’est pas canalisée, de prendre le pas sur la raison. Apparaissent alors l’instabilité, l’anxiété, le découragement, la précipitation dans le jugement, les troubles de la nervosité. Comment se prévenir contre des débordements si naturels sinon, comme l’homme lui-même d’ailleurs, par une conduite ferme, et donc par l’autorité de son mari.» (Père J.-D.) La femme doit aimer l’autorité de son mari comme la Bienheureuse Vierge Marie aimait l’autorité de Saint Joseph. Elle devrait mettre «tout son génie, toute sa finesse psychologique et sa bonté à grandir son mari aux yeux de ses enfants, et même à ses propres yeux d’épouse.» (Père J.-D.)

L’autorité  du mari sur son épouse est une autorité d’amour. «Mais envers la femme que vous avez prise pour compagne de votre vie, de quelle délicatesse, de quel respect, de quelle affection devra, en toute circonstance, joyeuse ou triste, faire preuve votre autorité! Que vos ordres, ajoute le grand évêque d’Hippone, cité tout à l’heure, aient la douceur du conseil, et dans le conseil l’obéissance puisera courage et réconfort. Dans la maison du chrétien qui vit de la foi et qui est encore un pèlerin en marche vers la cité céleste, ceux-là mêmes qui commandent sont les serviteurs de ceux à qui ils paraissent donner des ordres; car ils commandent non par envie de dominer, mais pour conseiller; non par orgueil qui veut prévaloir, mais par la miséricorde qui veut pourvoir.» (Pape Pie XII)

Que le père de famille ait de la reconnaissance pour tout ce que son épouse fait pour lui tous les jours. Dans le travail de l’éducation, elle est souvent seule comme Daniel au milieu des lions; de façon quotidienne, elle accomplit une multitude de tâches ingrates, et elle trouve les mots, après une journée épuisante, pour soutenir son mari de son amour. Que le père s’intéresse à ce que son épouse fait. Qu’il fasse tout pour alléger son fardeau. Qu’il sache trouver du temps pour elle, car elle est ici-bas son plus précieux secours.

Servez le Seigneur dans la joie! Psaume 99

Serve ye the Lord with Gladness! Psalm 99